Snowy Egret on the day of its arrival. Already finding food

Visite inattendue au Ruisseau 53

Le 20 août, cette année, les zones humides du Ruisseau 53 ont accueilli une visiteuse inattendue en la personne d’une aigrette neigeuse (Snowy Egret – Egretta thula) descendue d’un ciel nuageux pour un séjour prolongé. 

Alors que dans les décennies récentes l’observation de grandes aigrettes est devenue chose courante, cette espèce étendant son aire de reproduction vers le nord, leurs petites cousines demeurent de la visite rare au Québec. 

Cet été, le projet de science citoyenne eBird n’a recueilli le signalement que de cinq aigrettes neigeuses pour toute la province. (Et il se peut que certaines dates d’observation enregistrées concernent un même oiseau errant ici et là.) Heureusement, la nôtre a semblé aimé ce qu’elle trouvait à manger dans nos marais et est restée dans la région jusqu’au 10 septembre. Au fur et à mesure que la nouvelle s’en est répandue dans divers médias sociaux sur les oiseaux rares, les ornithologues ont afflué. 

Au moins quatre-vingt d’entre eux ayant aperçu la célébrité l’ont inscrite sur leur liste de contrôle eBird, tandis que de nombreux autres ont simplement profité du spectacle sans faire de note officielle. Les visiteurs sont tous restés sur la voie ferrée abandonnée, afin de ne déranger ni l’oiseau recherché ni les autres espèces sauvages des milieux humides du Ruisseau 53.

L’aigrette neigeuse est décrite comme un petit héron blanc avec un bec noir, des pattes noires et des pieds jaunes. Sa petite taille est évidente quand on la compare à la grande aigrette. Les aigrettes neigeuses font 60 cm de haut (24 po), tandis que les grandes aigrettes peuvent dépasser les 100 cm (40 po). Les individus en plumage nuptial sont parés de longs panaches de plumes blanches et de lores rougeâtres (la partie de la peau entre le bec et l’œil). Les individus non reproducteurs et les juvéniles n’ont pas de longs panaches et leurs lores sont jaunes ; moins spectaculaires, ils n’en sont pas moins magnifiques.

L’espèce est commune sur les côtes et dans les golfes de l’est des États-Unis, ce qui n’a pas toujours été le cas. À la fin des années 1800 ses populations furent décimées par les chasseurs de plumes qui fournissaient l’industrie de la mode. Son aire de répartition actuelle comprend aussi la plupart des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, et elle pourrait s’étendre vers le nord.

  

L’aigrette neigeuse exhibant son pied jaune

   


L’aigrette neigeuse (à gauche) : comparaison de taille avec une grande aigrette et un grand héron

   


L’aigrette neigeuse avec un grand héron à l’arrière-plan

   

   

L’aigrette neigeuse avec un colvert à l’arrière-plan et une sarcelle à ailes bleues à l’avant-plan

   

En matière de comportement, les aigrettes neigeuses tendent à être des chasseuses plus actives que leur parenté plus grande et posée. Leurs pieds exécutent souvent une petite danse destinée à remuer l’eau et perturber leurs proies. Elles sautent parfois de façon imprévisible, là encore probablement pour faire peur à un poisson, une grenouille ou un têtard qui révéleront leur position. Fait intéressant, quand notre oiseau se reposait il se perchait souvent près d’une des grandes aigrettes présentes. En se laissant aller à anthropomorphiser, on pourrait dire que c’étaient des « copains », mais, plus vraisemblablement, le plus petit des deux oiseaux utilisait la présence intimidante du plus grand pour se protéger.

 

“Les copains”. L’aigrette neigeuse et une grande aigrette se reposent ensemble

   

Lors de sa dernière après-midi de visite, l’aigrette neigeuse fut extrêmement active et survola le marais avec plus d’exubérance qu’elle n’en avait fait preuve peu après son arrivée. Là encore, si l’on prête des sentiments humains à un oiseau, elle semblait jeter un dernier coup d’œil alentour, peut-être même dire au revoir à tous ses nouveaux amis. Le lendemain matin elle resta introuvable. Avait-elle repris la route du sud pour l’hiver ou poursuivait-elle simplement ses vagabondages postnuptiaux ? La première hypothèse est sans doute la bonne, car aucune autre aigrette neigeuse n’a été observée dans tout le Québec à la fin de l’été ou au début de l’automne.

   

L’aigrette neigeuse en vol lors de sa dernière après-midi dans la région

   

Petit rappel historique, dans la région immédiate du Ruisseau 53 le dernier signalement d’aigrette neigeuse remontait à quarante-trois ans. L’oiseau avait été là du 18 au 21 août 1981, au moins. Nous espérons que le prochain individu de cette espèce particulière n’attendra pas si longtemps pour faire son apparition.

Wayne Grubert
Bénévole du Ruisseau 53

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