Un été à la découverte des araignées et des insectes à Hudson
Au printemps dernier nous avons été très heureux d’accueillir au Ruisseau 53 Savannah Burroughs, une étudiante de premier cycle à l’Université McGill dont le projet de recherche est axé sur le recensement, l’identification et la découverte de l’histoire naturelle des araignées et des insectes. Ces données nous aideront à mieux comprendre le Ruisseau 53, et elles aideront toute la communauté à mieux connaître la biodiversité.
La Fiducie de conservation du ruisseau 53 a pour objectif principal la préservation d’écosystèmes importants situés dans la partie ouest d’Hudson. Cependant, nous avons aussi très à cœur de mieux connaître ces terres et de partager nos connaissances.
Une façon d’y parvenir consiste à sélectionner des projets de recherche qui ciblent spécifiquement le bassin versant du Ruisseau 53 – projets dont les résultats formeront la base de notre plan de conservation et permettront d’avoir une connaissance directe de la diversité des espèces qui vivent sur ces terres protégées.
Les araignées, les insectes et apparentés ont grandement contribué à façonner les écosystèmes et, de plus, ils constituent la majorité des espèces présentes dans la plupart d’entre eux.
Ci-dessous, Savannah résume son expérience de collecte de l’été dernier et du début de l’automne. Et comme son projet se poursuit, nous ne manquerons pas d’en partager la suite avec vous en 2024.
Savannah
En février 2023 je reçus un courriel de mon directeur de recherche évoquant la possibilité de mener une recherche destinée à explorer et cataloguer les araignées et les insectes présents sur des terres protégées auxquelles il était lié : la Fiducie de conservation du ruisseau 53. Dans cette région où aucune recherche n’avait été faite, il m’était offert de découvrir et de documenter la diversité de ces animaux collectivement appelés arthropodes, et de partager les connaissances acquises.
Ce matin-là, mon excitation fut palpable. J’ai grandi près de Vaudreuil-Dorion et je passe déjà mon temps à partager mes connaissances sur toutes les étonnantes créatures qui vivent dans notre voisinage avec mes amis et ma famille, alors la perspective d’en découvrir et de les partager sur une beaucoup plus grande échelle était plus que tentante.
À l’Université McGill, les étudiants de troisième année du premier cycle ayant une idée de projet à effectuer lors des sessions d’automne et d’hiver peuvent s’inscrire à un programme spécialisé supervisé par un professeur. Les résultats sont partagés avec les autres étudiants et les professeurs sous la forme d’exposés et d’un document écrit avant la fin du deuxième trimestre. D’ici avril 2024, l’étude de la biodiversité des araignées et des insectes du Ruisseau 53 va faire l’objet de ma thèse de spécialisation de premier cycle.
Vers la fin mai 2023, à ma première entrée dans les forêts du Ruisseau 53 je disparus dans les hautes matteucies fougères-à-l’autruche, puis je finis par émerger dans un sous-bois de hêtres, de bouleaux, d’érables et de rares sapins. Au fur et à mesure que j’avançais le paysage ne cessait de se transformer et je me trouvai bientôt sous d’immenses pins blancs dont les aiguilles filtraient la lumière à la manière d’un vitrail ; le Ruisseau 53 me semblait un autre monde. Et comme pour mener à bien mon étude j’y suis retournée semaine après semaine, j’ai eu le privilège de voir les champs passer d’une végétation rampante d’où toute vie semblait quasi absente à un foisonnement d’asclépiades et de verges d’or où grouillaient diverses formes de vie.
Mon sens de l’observation est sélectif, j’aime les petites bêtes qui volent ou rampent, si bien que lorsque je parle de diversité je parle généralement du plus important groupe d’espèces animales : les araignées, les insectes et apparentés. Lorsque je me suis trouvée face à la première parcelle de verges d’or en fleurs, ce que j’ai regardé a été l’affluence d’abeilles bourdonnant de fleur en fleur, l’atterrissage maladroit des bourdons trébuchant les uns sur les autres, la présence de coléoptères orange et noirs sur presque chaque pétale, et des insectes à l’affût d’une proie.
Araignée sauteuse : subtribe Dendryphantina
Image de Savannah Burroughs
Dans le but de documenter autant de vie que possible, j’ai passé mon été à relever chaque semaine les pièges destinés aux arthropodes terricoles (i.e. les araignées, les coléoptères et les fourmis) et ceux destinés aux pollinisateurs (i.e. les abeilles et les mouches). Même si ces pièges sont indispensables et efficaces – dans les deux premières semaines j’ai collecté plus de 3000 spécimens ! – un œil aiguisé, un filet à papillons et un grand grand nombre de fioles font partie des meilleurs outils permettant de documenter araignées et insectes. Avec des assistants de terrain en alternance (tous fantastiques et je les remercie vivement), enfouis dans des prairies jusqu’à hauteur des épaules, nous avons capturé des coléoptères en retournant des roches et des billots, des araignées sous des écorces pelées, et des mouches pollinisatrices à la volée.
Apprendre à connaître les écosystèmes du territoire du Ruisseau 53 m’a enchantée, qu’il se soit agi de marcher des heures à travers les herbes denses des prairies anciennes où j’ai trouvé tant de petites bêtes, ou d’admirer les exceptionnels habitats forestiers interreliés par le bassin versant qui donne son nom à cette fiducie. Le monde des araignées et des insectes me fascine au plus haut point et, l’année prochaine, je souhaite pouvoir partager mes expériences d’observation de toutes les petites bêtes du Ruisseau 53. D’ici avril 2024, j’aurai la liste complète de toutes les espèces d’araignées et d’insectes que j’y ai trouvées.